La relation d’attachement entre l’enfant et l’adulte qui prend soin de lui est primordiale pour son développement et ses apprentissages. L’éducateur-trice en CPE joue un rôle pivot dans le lien d’attachement avec l’enfant, puisque l’enfant passe plusieurs heures en garderie ou en CPE. On croit souvent à tort que la relation d’attachement est tributaire de l’amour que l’on porte à une personne. Pourtant, il n’en est rien. Il est plutôt question de sécurité! Tout se passe alors dans le cerveau. Hé oui! Un nouveau-né a pour mission première de faire en sorte qu’un adulte s’attache à lui afin d’avoir réponse à ses besoins de base pour survivre (être protégé, nourri, avoir une couche propre, être bercé, cajolé…), puisqu’il ne peut le faire par lui-même. L’enfant est dépendant de l’adulte. Il doit pouvoir lui faire confiance, puisqu’il est vulnérable. La période de la petite enfance est charnière dans le développement de la sécurité personnelle.

On peut associer l’image du kangourou au lien d’attachement. Le bébé kangourou reste bien au chaud et protégé dans la poche de sa mère. Il sort graduellement pour explorer le monde et développer son autonomie, mais revient se blottir dans sa poche dès qu’il a besoin d’être protégé, nourri ou cajolé. Il ne pourrait pas sortir de la poche ou s’éloigner de sa mère si son milieu était plein de prédateurs!

Qu’est-ce que le lien d’attachement?

Tout comme le kangourou, le petit humain doit lui aussi pouvoir explorer le monde. Ce monde doit être sécuritaire. On parle de sécurité physique bien sûr, mais aussi de sécurité affective. C’est à l’adulte de faire office de « poche de kangourou » pour assurer un espace sécuritaire pour l’exploration. Plus un enfant se sent en sécurité, plus il pourra développer son autonomie, car il sait qu’il y a toujours la « poche de kangourou » à proximité en cas de danger. Rien ne sert non plus de jeter l’enfant en dehors de la poche trop rapidement. Un enfant sécurisé, c’est un enfant qui explore… donc devient autonome!

À force d’expérimenter les allers-retours dans la  « poche de kangourou », l’enfant intègre alors qu’il est une personne importante, que les adultes sont dignes de confiance, que l’univers est sécuritaire et intéressant à explorer, et que de se montrer faible et vulnérable n’est pas dangereux.

Comment développer le lien d’attachement

La capacité de l’enfant à créer des liens significatifs exclusifs se limite à quelques personnes au cours de la période de la petite enfance (0-5 ans). Elle augmente graduellement au fur et à mesure que l’enfant vieilli. L’attitude de l’adulte est le principal élément pour le développement de la relation d’attachement.

Accompagner l’enfant, en prenant en considération les éléments suivants :

  • Avoir un contact visuel : Observer l’enfant dans diverses situations, le regarder quand il nous parle, le saluer en souriant pour l’accueillir, s’informer sur comment il va…
  • S’assurer que l’enfant ait une stimulation vestibulaire : Le bercer, être dans un hamac, faire des jeux d’équilibre avec lui…
  • Utiliser le contact physique chaleureux : Les câlins, demeurer à proximité de l’enfant…
  • Parler à l’enfant avec une voix douce
  • Offrir à l’enfant du liquide chaud : Du lait chaud, un chocolat chaud ou même une petite soupe, c’est réconfortant!
  • Mettre en place une routine stable avec des règles claires, constantes et cohérentes. L’enfant doit pouvoir prévoir ce qui va se passer. Les règles et routines visuelles sont préférables.
  • Intégrer des rituels (ex : quand on range, on chante une chanson, quand c’est la fête d’un ami, il a un gâteau et un privilège…). On peut alors créer un sentiment d’appartenance.
  • Prendre soin du monde émotif de l’enfant. Valider les émotions, les nommer et aider l’enfant à faire le lien entre un événement et ses émotions… Il pourra alors comprendre que les émotions, ce n’est pas dangereux.
  • Dans la mesure du possible, informer des départs (éviter de se sauver quand l’enfant est occupé…), du moment de votre retour…
  • La proximité physique, bienveillante et chaleureuse est à privilégier.
  • Éviter de mettre la relation conditionnelle au comportement de l’enfant (ex : « Je ferai un jeu avec toi si tu ne fais pas de crise! » « Tu ne verras pas maman si tu n’es pas gentil! »…). La relation doit être inconditionnelle.
  • Répondre aux besoins de base de l’enfant : les enfants ne font pas des caprices, ils expriment un besoin! Ils n’ont pas non plus la capacité cognitive de manipuler avant l’âge scolaire…
  • Dans le même ordre d’idée, pour les intervenants du CPE ou de la garderie ou du milieu scolaire, il est aussi impératif de créer ce lien avec le parent. Les parents vous laissent quand même ce qu’ils ont de plus précieux au monde… ils doivent vous faire confiance!

Quelques ressources à lire avec les enfants

Afin de faciliter le développement du lien d’attachement, utiliser la littérature jeunesse peut être une bonne solution. Accompagné d’une doudou réconfortante, c’est encore mieux!

Voici quelques titres d’albums jeunesse pouvant vous être utiles :

Le bisou secret, d’Audrey Penn

Le fil invisible, de Patrice Karst

Le câlin de pingouins, de Ross Montgomery

Je t’aimerai toujours quoiqu’il arrive de Debi Gliori

Toi et moi, ce que nous construirons ensemble, de Oliver Jeffers

En terminant, il se peut que certaines relations puissent être plus longues ou difficiles à bâtir. Ces enfants ont peut-être déjà connu des brisures de liens ou ont de la difficulté à faire confiance à l’adulte. J’aurai un seul conseil : soyez des kangourous!

Marie-Eve Gobeil, Psychoéducatrice Clinique Brain Storm