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Par Claude Dumont
Propriétaire/directrice Garderie Peluche Clémentine

 


Être femme d’affaire, gestionnaire, entrepreneure… peu importe le nom emprunté, vous serez certainement d’accord pour dire que ce n’est pas une profession facile qu’on peut déposer simplement dans un cadre et l’afficher au mur.  Il y a tellement de tangentes reliées à un pilier d’entreprise qu’il devient difficile de lui associer une seule et unique définition. Mais qu’en est-il si on ajoute l’enjeu de faire partie du monde des garderies?

 

Complexe dans tous les domaines

Peu importe le domaine, ce qui est clair dans ma tête, c’est que c’est loin d’être facile! Pourquoi? D’abord a cause du regard des autres et de leur vision. On voudrait cesser de passer pour ce grand méchant, ce riche patron qui passe son temps en congé. On se répète sans cesse, et si vous saviez… si vous pouviez mettre mes chaussures pendant une semaine et voir de quoi est composé mon quotidien, en passant par la logistique des horaires, des factures, des décisions, des demandes, des exigences, des lois, vous pourriez comprendre à quel point il est difficile de devenir entrepreneure et qu’on ne le fait pas pour faire de l’argent, pour devenir millionnaire. Oui nous avons une vision positive, des objectifs à atteindre et ce profond désir de dépassement mais si on ose, c’est pour faire entendre nos idées. Et ce qui est désolant, c’est que la majorité des gens ne voient pas cette facette et ne comprennent pas tout le bagage et le fardeau qui vient avec la position d’un chef d’entreprise.

Le fardeau d’une PME

Possiblement que de me retrouver en tête d’une énorme entreprise, entourée de centaines d’employés m’aurait fait découvrir une toute autre vision de l’entrepreneuriat. Mais étant chef d’une PME avec une vingtaine d’employés m’a plutôt fait voir à quel point on doit porter cette aventure sur nos épaules et que c’est un défi de taille au quotidien!  Dans mon cas, je suis en constante fonction apparaissant sur tous contrats de travail, **toutes autres tâches connexes** Et oui, depuis les 3 dernières années, j’ai été à la fois directrice, propriétaire, gestionnaire, secrétaire, comptable, cuisinière, éducatrice, concierge, réparateur et j’en passe…. C’est de voir à la gestion du porte-feuille, à l’évolution de ton équipe, de s’assurer que chacun avance en même temps que toi et avec la même vision et les mêmes valeurs. On est responsable 24h/24, on y pense sans arrêt, on en rêve la nuit, on en fait de l’insomnie! Ma garderie c’est mon bébé qui me suit partout! Comme on dit on est maman pour la vie!

Pénurie de main d’œuvre

Et le défi de taille, la pénurie de main d’oeuvre! Vous connaissez? Depuis la dernière année, cet enjeu majeur est apparu dans notre quotidien aux côtés des nombreux autres facteurs complexes de la gestion d’une garderie, mais sans négliger la présence de plusieurs éléments obligatoires, comme de respecter des réglementations très strictes du ministère, concernant le ratio des qualifications des éducatrices, de jongler avec les horaires selon les demandes et besoins particuliers de chacun, de trouver des solutions quand une ou plusieurs éducatrices nous avisent le matin pour mentionner qu’elles ne rentrent pas parce qu’elles sont malades ou que leurs enfants le sont, d’assurer le bien-être constant des enfants en respectant les nouvelles exigences du Ministère, etc… Et malheureusement des remplaçantes, il n’y en n’a pas. On doit trouver des solutions rapidement et tout faire pour respecter la stabilité de l’enfant… Alors c’est vivre un stress constant et se croiser fort les doigts que les microbes ne viendront pas s’inviter en plus!

Mais… cest beau être entrepreneure

Oui depuis le début je dépeins le côté complexe et négatif de l’entrepreneuriat, mais croyez-moi il n’y a pas que le côté sombre. Il m’arrive régulièrement de me rendre au travail et de me laisser envahir par une immense fierté! Celle de mon équipe, des objectifs atteints, des dépassements réalisés, des étapes franchies et de me rappeler que j’ai réalisé mes rêves. Je suis passée de la jeune fille timide et non confiante, en femme d’affaire à la tête d’une entreprise. Je me sens libre, je développe des idées extraordinaires, entourée de gens passionnants que j’ai eu le privilège de choisir.  Surtout je sais que dans la vie comme au travail, quand on veut on peut!

Décisions complexes

Être gestionnaire, c’est aussi prendre des décisions moins faciles. C’est refuser des demandes des membres de son équipe, bien qu’elles puissent être bonnes, car elles ne cadrent malheureusement pas avec le budget. C’est aussi d’imposer des règles et de s’assurer que ces dernières soient maintenues pour le bon fonctionnement de la compagnie. On se retrouve tôt ou tard dans le rôle d’une maman ou d’une psychologue.  Parfois, c’est prendre des décisions déchirantes comme congédier un employé qui ne convient pas au poste alors que ça nous brise le cœur. Le simple fait de remercier quelqu’un qui ne cadre plus avec tes valeurs est à chaque fois un vertige qui s’installe en nous. Le revers de la médaille avec toutes les décisions difficiles, on ne le fait pas de manière détachée, spontanée et sans émotion. On se garde parfois une carapace, mais à l’intérieur, on est TELLEMENT humain. La différence entre nos collègues et nous?  C’est qu’on sait et qu’on doit prendre ces décisions.

Cest quoi le secret?

Le secret, c’est savoir doser le positif et le négatif, s’entourer de gens à son image, qui ont les mêmes valeurs que toi! De voir à quel point nous avons des employés passionnés et dévoués à nos côtés, c’est ce qui nous accroche un sourire, nous fait délaisser le négatif de côté et nous fait avancer dans cette merveilleuse aventure de l’entrepreneuriat! Merci à ces éducatrices (teurs) qui exercent un travail si exigeant avec une telle qualité et une telle passion, ainsi qu’à tous les membres d’une même équipe.  Chacun à sa place et sans eux, les entreprises n’existeraient pas.

À bientôt pour un autre article!

Claude Dumont

Collaboratrice au blog Natis


Le dossard réinventé