Par Émilie Martinet

Comme un petit feu de paille, nos tout-petits peuvent être les Rois et Reines du brasier. Capable de se mettre à hurler et taper du pied en moins de deux secondes, ils peuvent aussi bien s’éteindre sans qu’on ait eu le temps de comprendre pourquoi ils s’étaient enflammés tout comme ils peuvent sembler vouloir s’installer dans des comportements d’opposition récurrents.

L’opposition est rarement un comportement facile à gérer pour les éducatrices en service de garde comme pour les parents.  Les enfants qui refusent de suivre les consignes, contestent celles-ci, hurlent en se roulant par terre quand ils sont fâchés, réagissent fortement aux petits obstacles du quotidien et se braquent face aux transitions réussissent souvent à tirer la patiente des adultes autour d’eux au maximum. Comment choisir les bonnes interventions et prévenir ces comportements ?

Voici quelques petits trucs pour mieux vous y retrouver.

D’abord, il est toujours de mise de se rappeler que le cerveau de notre tout-petit est en développement, et que de contrôler certains gestes et certaines réactions lui demande de l’entraînement. Les enfants entre 0 et 5 ans sont en apprentissage, ils n’ont pas toujours les mots pour exprimer ce qu’ils ressentent et ont le besoin de tester les limites de leur entourage pour découvrir le cadre qui régit leur environnement et leur groupe. Ce cadre devrait leur permettre de se sentir en sécurité en lui laissant assez de liberté pour se développer.

Un cadre clair, cohérent et constant

On le répète sans arrêt mais avoir un cadre clair, cohérent et constant est un premier pas pour prévenir l’opposition. Inutile de se méprendre, de l’opposition, il y en aura ! Aucune mesure, aussi brillante soit-elle, n’éliminera totalement celle-ci. Parce qu’elle est nécessaire. C’est une phase de développement, et celle-ci permet à l’enfant de se construire une identité.

Aussi, rappelons-nous que la colère est une émotion, et qu’elle a droit d’exister, tout comme la joie et la peine. Ce qui importe ce n’est pas de faire taire cette opposition à tout prix mais d’aider l’enfant à l’exprimer de façon adéquate en société.

Trucs pour la mise en place des règles de vie

-Choisir deux à quatre règles maximum.
-Les afficher bien en vue dans notre local ou à la maison. Il est important pour les enfants en bas de 5 ans de les imager. L’enfant doit comprendre le sens de l’image en un regard.
-Basez-vous sur ce qui vous dérange le plus et faites une règle positive. Si les enfants ont tendance à crier dans votre groupe et que cela vous fatigue particulièrement, la règle pourrait-être : Parler doucement.
-Exposez les règles de vie bien en vue et examinez-les avec les enfants. Lorsque l’enfant adoptera un comportement inadéquat, invitez-le à vous suivre et à se référer aux consignes du local. Tu te rappelles, dans la salle de jeux, on parle doucement.
Dépersonnaliser

Dépersonnaliser certaines interventions pour réduire la charge émotive.

À la garderie, on doit parler doucement.

C’est l’heure d’aller aux toilettes.

La règle dit qu’on doit marcher.

Nommer et reconnaître ses émotions

On ne sent sort pas.

-Nommer et reconnaître les émotions vécus par les tout-petits est un allié puissant.  Surtout lorsque l’on parle d’opposition. L’enfant qui se sent compris, aura beaucoup plus envie de collaborer.

À la garderie, on doit parler doucement, je sais que c’est difficile, tu es très content en ce moment et tu as envie de le dire à tout le monde, mais quand on parle trop fort, ça fait mal aux oreilles.

Mais… n’argumentez pas

On évite les escalades inutiles. Rien ne sert de répondre Arrête à un enfant qui nous cri d’arrêter. Si cela se produit, évitez d’embarquer dans l’argumentation et adoptons la technique du disque rayé. C’est-à-dire, répété exactement ce que l’on vient de dire. Sur le même ton et avec les mêmes mots.

L’aider à s’exprimer

Aider l’enfant à apprendre à exprimer ce qu’il vit.

Guidez-le vers l’ami qui lui a fait du chagrin et aidez-le à mettre des mots sur ce qu’il a vécu.

Vous lui apprendrez à partager ses émotions et à gérer ses conflits de façon pacifique. Même s’il répète un mot ou deux, prenez l’habitude de le faire. Plus tôt il commencera, plus tôt l’habitude s’installera chez lui !

Nous sommes des modèles

Les enfants apprennent de nos gestes encore plus que de nos paroles. Ils s’imbibent de nos actions et celles-ci s’imprègnent en eux. Soyons des exemples. N’hésitons pas à partager avec eux nos émotions et à exprimer en mots ce que l’on ressent. Je me sens vraiment impatiente en ce moment, ça fait 3 fois que je te demande de mettre tes bottes, je vais respirez pour me calmer. Nous apprendrons l’enfant à exprimer ses émotions négatives et sa contrariété de façon adéquate !

Positif

Misez sur ses forces et félicitez-le pour ses efforts ! Face à l’opposition, il est facile de tomber dans la stigmatisation. Il est vraiment colérique. C’est un enfant opposant. Aussi minime soient-elles, il est important de valoriser et encourager les bons gestes et de LUI DIRE QU’ON LE SAIT CAPABLE. Je sais que c’est difficile pour toi de parler doucement, mais je sais que tu vas y arriver. Je sais que tu es capable. Posez des étiquettes ou stigmatiser des comportements n’aura pour seul effet que de limiter l’enfant à ceux-ci. Notre confiance en lui agit comme un levier pour les enfants, montrons leur que l’on croit en eux !

Apprentis-campeurs, à vos briquets !

Personne n’a appris à faire un feu sans se pratiquer. Pour arriver à l’allumer, de façon sécuritaire, nous avons appris les règles de sécurité à utiliser les bons outils, à placer le bois et le papier et à démarquer un espace. L’enfant qui s’oppose, utilise des gestes agressifs et refuse d’obtempérer exprime un besoin. Celui d’apprendre à connaître, gérer et exprimer ses émotions de façon adéquate. Celui de se construire une identité. Celui de se construire un environnement sécuritaire et cohérent ou il peut explorer librement.

Réprimez ces émotions ne servira à rien. Tentons plutôt de les aider à s’exprimer de façon adéquate et respectueuse.

Nous leur ferons cadeau d’un passeport pour la vie.

À bientôt

Émilie Martinet

Maman passionnée et éducatrice à la Petite Enfance


La couverture polaire toute douce pour la sieste