Par Nathalie Lizé

Dans ce texte, j’ai choisi de vous parler du développement psychosexuel des enfants de 0-5 ans. Ces dernières semaines, une situation particulière m’a amené à pousser ma réflexion sur ce sujet.  Je me suis questionnée sur la normalité de certains comportements et je me suis aperçue que mes connaissances sur ce sujet étaient moins bonnes que je ne le pensais. J’ai lu des articles, écouté des capsules et consulté des intervenantes extraordinaires au CLSC et à la fondation Marie Vincent qui m’ont aidé à me faire une idée juste et objective sur la situation.

https://marie-vincent.org/

J’ai compris surtout que mon regard d’adulte pouvait biaiser certaines observations et même créer chez moi un léger malaise. J’ai réalisé qu’il est important de se rappeler que le développement sexuel des tout petits n’a rien à voir avec nos désirs d’adultes pleinement développés. Que cet aspect du développement doit être considéré comme normal et nécessaire à l’épanouissement de tout être humain. Ces démarches m’ont aidé à me rappeler que le fait de vouloir toucher ou regarder le corps de l’autre en petite enfance est motivé par la curiosité. Lorsque ces situations se présentent, notre travail est d’être présents comme adultes, éducateurs et professeurs pour s’assurer que toutes ces occasions de découvertes pour les enfants se fassent sainement et dans le respect de soi et des autres.

Le consentement et l’intimité

Il y a quelques semaines, j’ai abordé le consentement et l’intimité dans un autre texte alors, je ne vous en parlerai pas longuement. Si vous voulez plus de détails, vous pouvez aller le consulter.  https://natis.ca/enseigner-le-consentement-en-petite-enfance/

Le développement psychosexuel des enfants est indissociable de la notion de consentement et d’intimité. Ces trois concepts sont étroitement liés. Lorsque vient le temps pour les petits

de découvrir leur corps et celui des autres, de reconnaître la différence entre les garçons et les filles et de comprendre à quel sexe ils appartiennent, il est primordial de discuter de consentement et d’intimité avec eux. Les enfants doivent apprendre à développer leur jugement. Ils doivent assimiler l’importance de demander le consentement des autres pour tout contact physique incluant les câlins et les bisous. Il est nécessaire qu’ils réalisent que personne n’a le droit de les toucher s’ils n’en ont pas envie, même leurs amis et les adultes qui les entourent. En tant qu’éducateurs, nous avons également la responsabilité d’apprendre aux bambins à accepter un refus de la part des autres. Il faut absolument développer un bon lien de confiance et enseigner aux enfants à venir parler et se confier à un adulte significatif pour eux.  Les moments de vie qui touchent le développement psychosexuel doivent inclure l’apprentissage de la notion d’intimité également. De plus, il faut répondre aux questionnements des enfants en fonction de l’étape de développement où ils sont rendus et commencer ces discussions le plus tôt possible dans leur vie.

En 0-12 mois

Les nourrissons explorent leur environnement avec tous leurs sens et surtout avec leur bouche. Ils regardent, sentent et touchent ce qui les entourent. Ils ont besoin de ressentir la douceur sur leur peau par des touchers agréables comme des massages et la proximité avec les adultes. Ils adorent téter et boire aux seins de leur mère. Ils portent souvent leurs mains à leur bouche et certains vont même sucer leur pouce. Bien sûr la conscience corporelle n’est pas encore présente mais ils découvrent chaque jour de nouvelles sensations. Pour les aider à comprendre leur environnement, vous pouvez leur fournir des jouets sonores et des objets sensoriels. Le livre sensoriel de Natis ou La couverture multi-textures pour la sieste peuvent aider à répondre à ces besoins de découverte des sens.

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Entre 8 et 11 mois, certains bébés vont découvrir leurs parties génitales. Lors du changement de couche ou dans le bain, il n’est pas rare de voir certains d’entre eux qui touchent leur vulve ou leur pénis. Parfois, les garçons auront même des érections. Celles-ci ne sont pas stimulées par le désir sexuel comme chez l’adulte mais plutôt par un réflexe naturel appelé érection spontanée. Celles-ci se produisent lorsque les garçons touchent leurs organes génitaux.

Chez les 12 mois à 2 ans

Dans cette période, il arrive que les enfants se frottent sur des couvertures ou des peluches, sur nos cuisses ou qu’ils se balancent d’avant en arrière pour provoquer un contact de leur couche sur leurs parties génitales. Cela leur procure de l’apaisement, du réconfort et du plaisir. Ces comportements sont normaux mais ne doivent pas prendre toute la place dans les jeux de l’enfant. En tant que professionnels de l’éducation, vous devez orienter l’enfant vers d’autres activités lorsque l’autostimulation occupe une trop grande partie de sa journée.

On va voir l’apparition de l’autostimulation (masturbation infantile) entre 15 et 24 mois et parfois avant. Ils vont souvent s’y adonner au moment de la sieste, du dodo du soir ou d’activités plus calmes de leur journée. Profitez-en pour leur expliquer que les chatouilles qu’ils se font doivent préférablement se faire dans des endroits qui permettent l’intimité comme dans leur chambre ou sur leur matelas de repos.

S’ils sont trop jeunes pour comprendre, vous pouvez simplement les réorienter vers d’autres activités. On peut permettre l’autostimulation pendant un petit moment en début de sieste mais il est important que l’enfant se repose. Comme c’est un moyen de se relaxer et de s’apaiser, il y a des petits qui s’endorment après quelques secondes.  Pour ceux qui demeurent éveillés, on reste calme et souriant et on s’assoit près d’eux pour les aider à s’endormir.  Il faut leur dire qu’ils pourront continuer demain mais que maintenant, il est temps de se reposer. Bien sûr, si vous éprouvez un malaise face à ce comportement, ne le montrez pas et essayez de retirer vos lunettes d’adulte en vous rappelant que c’est normal. Surtout, ne vous inquiétez pas pour le reste du groupe, ce n’est pas contagieux. Ils ne se mettront pas à tous le faire.

La période entre 12 mois à 2 ans est propice pour enseigner à nommer et reconnaître les parties du corps sans discrimination et en utilisant les bons termes. Un pénis est un pénis et une vulve est une vulve et pas autre chose. Les organes génitaux ne sont pas différents des autres parties du corps pour un enfant. En les nommant par leur vrai nom, on les met sur le même pied d’égalité que le reste des parties du corps et on évite de les marginaliser. On rend les organes génitaux ordinaires. C’est le meilleur moyen de bâtir une image corporelle saine.

Chez les 2- 3 ans

Lorsque les enfants parviennent à contrôler leurs sphincters, ils peuvent retirer les couches et commencer à porter des sous-vêtements, ce qui procure de nouvelles sensations. Ils sont exposés plus souvent à leur nudité et celle des amis. Ils remarquent le corps des autres. La période de l’apprentissage à la propreté est majeure. C’est un moment charnière dans le développement psychosexuel des petits. Il ne faut pas brusquer ou forcer cette étape afin d’éviter un traumatisme ou un apprentissage à la propreté plus long. Les garçons arriveront plus tard que les filles à faire leurs besoins de façon autonome. Les sphincters des garçons se trouvant à l’extérieur du corps, au niveau du pénis, le contrôle total se fait donc moins rapidement.  Assurez-vous de disposer le pot dans un endroit intime comme la salle de bain ou un coin tranquille dans votre local de service de garde. Les enfants d’âge préscolaire ne comprennent pas encore la pudeur et n’auront aucun malaise à être nus. C’est notre rôle de leur faire comprendre qu’il y a des endroits ou la nudité est permise et d’autres non.

Les petits qui ont atteint l’âge de 3 ans peuvent comprendre les différences de genre. Ils savent qui est un garçon et qui est une fille et les différences corporelles que cela implique. Ils vont également commencer à s’identifier aux adultes de même sexe qu’eux et à les imiter.

Chez les 3-5ans

Désormais conscients de leur identité corporelle et de leur genre, ils vont vouloir découvrir les différences et similarités présentes chez leur pairs. C’est dans cette période qu’ils auront envie de montrer leur corps  et de regarder celui des autres. Il est possible également qu’ils soient tentés de toucher les organes génitaux de leurs amis. Vous devez rester vigilants et encadrer ces jeux. Si vous voyez des situations ou les jeux d’exploration ne se limitent pas à regarder ou toucher ou encore qu’il y ait de la contrainte ou de l’agressivité ouvrez l’œil. Surtout si ces comportements inappropriés continuent après discussion avec l’enfant sur l’intimité et le consentement et qu’ils impliquent la notion de secret.  Un enfant ne devrait pas reproduire des gestes sexuels appartenant au monde des adultes ni en utiliser les mots ou encore tenter d’introduire des objets dans ses organes génitaux. Si vous avez des inquiétudes à ce propos dans votre garderie, CPE ou milieu familial n’hésitez pas à chercher des ressources pouvant répondre à vos questionnements comme, les CSSS, la fondation Marie-Vincent mentionnée plus haut ou tout autres professionnels disponibles dans vos milieux de garde ou scolaire.

Entre 3 et 5 ans, les questions sur la procréation vont faire leur apparition. Répondez avec des faits en expliquant les vraies choses et en utilisant les termes exacts. N’allez pas plus loin dans vos réponses que ce qui vous a été demandé. Souvent, vos petits protégés seront davantage intéressés par ce qui entoure les bébés qui grandissent du ventre que par l’acte sexuel. Bien sûr on s’en tient à des explications simples et répondant au développement et à la maturité des enfants de votre groupe. Il y a des livres intéressants pouvant être utilisés pour appuyer vos interventions. Le livre de Jocelyne Robert est très bien.

http://www.editions-homme.com/sexualite-0-6-ans/jocelyne-robert/livre/9782761942928

Lorsqu’on observe les jeux de rôles à cet âge, on se rend compte que les bambins reproduisent les comportements qu’ils observent à la maison ou en société. Assurez-vous d’offrir des jeux qui ne renforcent pas les stéréotypes sexuels et de laisser les enfants explorer librement tous les jouets peu importe leur sexe. Pour les enfants de 3 à 5 ans, l’égalité des sexes est encore présente. Cet âge est idéal pour discuter des différents types de familles: traditionnelles, homoparentales, monoparentales, multiculturelles et autres.

Se questionner pour avancer

Il est possible que ce texte vous amène à une réflexion personnelle. Qu’il crée un questionnement sur vos valeurs, sur vos limites et votre inconfort face à certains comportements reliés au développement psychosexuel des enfants. Il se peut que vous vous rendiez compte comme moi, que vos lunettes d’adultes changent la perception de ce qui est normal chez les petits. Lorsque les enfants de vos milieux préscolaires entreront dans la découverte de leur corps, gardez à l’esprit que les jeux sexuels chez les enfants sont motivés par la curiosité. Si les thèmes abordés ici vous ébranlent un peu, prenez le temps d’aller au bout de ce processus de remise en question pour mieux comprendre votre ressenti. Lisez et renseignez-vous pour arriver à apprivoiser tout ça.

A bientôt

Nathalie Lizé

Agente conseil en soutien pédagogique et coach familial


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