Chers professionnels de la Petite Enfance,
Vous passez de nombreuses heures avec les petits… Vous avez une place de choix afin observer le développement des enfants de votre groupe. Que devez-vous faire lorsque vous suspectez possiblement un retard de langage ? Avec un peu d’humour, nous avons rédigé 5 commandements à propos de cette situation délicate …
1-Avec une grille, les signes tu noteras
Avant d’en parler aux parents, je vous suggère d’observer l’enfant de manière plus vigilante. Est-ce que la situation persiste ? Est-ce qu’il y a une grande différence avec les autres enfants du groupe ? Les signes que vous noterez pourrons vous servir de point de référence lorsque vous parlerez aux parents. Vos observations sont précieuses pour tous les intervenants qui travailleront avec l’enfant.
2-Aux parents tu en parleras
Ce que je vais dévoiler ici est troublant: j’ai visité certains milieux où les éducateurs se questionnent quant au fait d’en parler ou non aux parents. Pourquoi? Annoncer aux parents que nous avons quelques craintes face à un aspect du développement est délicat. Certains parents seront dans le déni face à la situation, seront en colère, remettront votre jugement en question et retireront l’enfant du milieu de garde. Oui, c’est vrai…
Je vous demande de prendre ce risque Seuls à la maison avec leur enfant, ils y repenseront, ils seront plus vigilants. Peut-être pas immédiatement mais ils le feront dans une semaine, un mois ou un an.
Agissez en professionnels, n’hésitez pas à en parler !
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3-Les bons mots tu choisiras
Le processus d’acceptation est comparable au deuil. Il importe que vous choisissez vos mieux avec soin.
Le sujet de votre discussion, ce petit trésor est ce qu’il y a de plus précieux pour la personne en face du vous. Ma recette personnelle est la suivante: alterner les forces et les faiblesses de l’enfant. Mentionner que vous avez procédé à des observations sur tous les enfants dans le cadre d’un bilan occasionnel et que vous avez des petites inquiétudes par rapport à certains points ( sortez ici vos observations soigneusement notées ) mais que vous avez aussi remarquer certains points forts. Proposez une idée au parent quant à une piste de solution
(exemple: Il serait intéressant d’investiguer davantage).
4-Aucun diagnostic tu ne feras
Attention, j’ai bien dit de parler de vos inquiétudes par rapport aux signes, pas d’annoncer aux parents que vous pensez que l’enfant a tel trouble. Tout le monde peut donner son avis mais est-il fondé et exacte ? Vous devez simplement énumérer les faits ainsi vous restez en zone neutre, un repère pour le parent. Psychologiquement, le parent ne sera de toute façon pas prêt à entendre le nom d’un trouble même si vous avez possiblement raison.
5-De jugement, tu ne porteras pas
Ce commandement est le plus difficile selon moi… Que faire lorsqu’un parent n’est pas réceptif ?
Restez tout simplement disponible, ne portez pas de jugement. Nous ne savons pas ce qui se passe à la maison. Continuez d’offrir votre aide pour les tout-petits.
Petite anecdote personnelle …
J’ai rencontré un jour une mère qui m’a raconté qu’elle avait changé de garderie trois fois car les éducateurs lui avaient signalé certains signes alarmants pour son garçon. À la première garderie, elle pensait que c’était totalement faux, de l’acharnement, disait-elle. À la deuxième, elle était plus inquiète mais ne voulait pas investiguer ( déni, quant tu nous tiens ! ). Lorsque la troisième garderie lui a annoncé qu’elle ne pouvait plus garder l’enfant dans le groupe en raison de ces mêmes signaux, la maman a pleuré dans son auto très longtemps. Elle en a finalement parlé à son conjoint. Et…. elle est allée chercher des ressources pour son enfant.
Merci et n’hésitez pas à me donner vos commentaires et les expériences que vous avez vécu !
Stéphany Laflèche
Intervenante en stimulation du langage
La Boite à Paroles