Par Nathalie Lizé
À l’ère des dénonciations et du mouvement #metoo, il est primordial de parler du consentement.
Le Larousse le définit ainsi « Action de donner son accord à une action, à un projet ; acquiescement, approbation,assentiment. «
Pour bien l’enseigner, on doit prendre en considération l’amour-propre, le respect de soi et des autres, les choix bien assumés, et l’ouverture à la discussion.
Mon intention est de vous amener à comprendre qu’en apprenant aux enfants à respecter leurs limites et leur corps, nous les préparons à avoir des relations respectueuses. Ainsi, au moment où ils auront l’âge de vivre leur intimité avec une autre personne, ils seront mieux équipés pour choisir de dire oui mais aussi de dire non, dans différentes sphères de leur vie. J’aimerais vous aider à bien les accompagner pour qu’ils soient à l’aise de signifier leurs désaccords, au risque de déplaire. Également, à accepter le refus de l’autre dans le respect et la tolérance et à écouter leurs propres limites. Dès la petite enfance, ces notions doivent être enseignées et en ce sens, notre rôle d’éducateur est essentiel.
Tout commence par l’éducation, les spécialistes s’entendent pour le dire.
Refuser de jouer
Quand un enfant n’a pas envie de jouer avec un autre, est-ce que nous acceptons ce refus ou bien nous lui imposons ce compagnon de jeu ? Bien sûr, lorsque plusieurs enfants se mettent en groupe et refusent d’inclure un seul petit, amenant celui-ci à se retrouver seul, c’est différent.
Cependant, dans une relation de un à un, un enfant qui affirme ne pas vouloir être en compagnie d’un autre nous exprime un choix, une limite voire même un malaise. Respecter cette demande est important. Accepteriez-vous de passer un moment de votre journée avec quelqu’un si vous n’en avez aucune envie ?
Pour les enfants, c’est pareil. Leur imposer de jouer avec un ami est comparable à leur dire qu’ils n’ont aucun choix. Bien sûr, il faut s’assurer que ce refus se fasse dans le respect et qu’il sera reçu adéquatement. Votre rôle sera alors d’accompagner les enfants de part et d’autre à apprivoiser cette situation inconfortable. Ils s’amuseront sans doute ensemble plus tard. Et si vous observez un refus systématique impliquant régulièrement les mêmes petits, ce sera alors votre rôle de les aider à développer des affinités, de façon graduelle sans rien imposer. Ils doivent apprendre à cohabiter, ils sont ensemble tous les jours. Ils peuvent maintenir une relation saine sans être les meilleurs amis du monde.
Le respect de leur intimité
Lorsque nous travaillons avec des tout petits, nous oublions parfois la notion d’intimité. Il est possible qu’un enfant ne soit pas à l’aise de mettre son maillot de bain ou de se changer devant les autres. Permettons-lui de le faire dans un endroit retiré. Le message qu’il recevra alors est qu’il a le droit de décider de montrer son corps ou non, de le respecter. Ces moments sont des occasions idéales pour avoir des discussions sur l’intimité et le fait que leur corps leur appartient.
Si vos milieux de garde ont des espaces communs pour les toilettes, assurez-vous que chaque enfant respecte l’espace de l’autre. Ils doivent être seuls dans leur cabinet et chaque enfant attend son tour. Aussi, si vos toilettes sont dépourvues de portes, il se peut que certains ressentent un malaise et craignent de se faire regarder. Il peuvent peut-être s’y rendre lorsqu’ il n’y a personne, ainsi, ils sentiront que leur malaise est écouté.
Les démonstrations d’affection
La plupart des enfants acceptent avec joie les bisous ou les câlins d’un ami ou même d’un adulte qu’ils aiment bien. Cependant ces démonstrations d’affection doivent se faire dans le consentement. Dès qu’il y a malaise, permettez aux bambins de l’exprimer. Bien sûr, il peut être blessant pour un adulte ou un enfant de se voir refuser un bisou ou un câlin. La façon dont ce refus sera accueilli fera la différence. Si les enfants sentent l’ouverture et le respect face à leurs limites, ils construiront la capacité de dire clairement ce qu’ils veulent. Ils comprendront qu’ils ont le droit de décider et qu’ils méritent le respect.
Il faut enseigner aux enfants à demander l’autorisation pour tout contact physique entre eux. Il importe aussi de leur apprendre à composer avec le non de l’autre dans l’écoute et la bienveillance. Il existe de nombreuses autres façons de démontrer notre affection que les contacts physiques. Un petit bisou soufflé, un câlin virtuel, un sourire, un compliment et la plus belle de toute, un » je t’aime » bien senti. Ce sont autant de façons de montrer son attachement.
L’autrice de livres pour enfants Élise Gravel a créé une petite bande dessinée très bien faite, pour illustrer le consentement chez les 3 à 12 ans.
http://elisegravel.com/blog/consentement-explique-aux-enfants/
Apprendre à trouver des solutions
Lorsqu’un conflit éclate entre deux enfants pour une raison ou une autre, nous les encourageons à discuter et à trouver des solutions. Apprendre à argumenter dès le plus jeune âge et à régler leurs mésententes de manière satisfaisante pour toutes les personnes impliquées est aussi un bel apprentissage pour le consentement. Pouvoir dire à l’autre qu’on n’est pas d’accord avec lui et savoir dire pourquoi est aussi une base importante. N’hésitez pas à faire du renforcement positif quand l’enfant nomme ses besoins ou ses limites. Ainsi, vous lui apprenez à assimiler la notion d’intégrité.
Accompagner les enfants
Être entouré d’adultes bienveillants et compréhensifs aident les enfants à comprendre qu’ils ont le droit de faire des choix et de respecter leurs propres limites, leur corps et leur intégrité. Notre travail d’éducateur est aussi d’accompagner les enfants qui vivent des refus et de leur enseigner à l’accepter même si c’est souvent décevant, fâchant ou blessant. De cette façon, ils seront capables de recevoir un refus, plus tard le jour où cela se présentera.
Donnons l’exemple
Pour consentir ou refuser une relation quelle qu’elle soit, il faut d’abord apprendre à s’aimer soi-même, apprendre à écouter la petite voix qui nous guide vers le bien-être. Pour entendre cette petite voix, il faut que les adultes nous permettent, durant l’enfance, de l’exprimer assez fort pour qu’elle soit entendue. Encourageons les enfants à manifester leur désir, leurs désaccords, à dire oui aussi quand ils le veulent. Apprenons-leur que les autres ont le droit de leur dire non et que leur devoir est de l’accepter. Montrons l’exemple en respectant nos limites et en acceptant celles des autres. Traitons nous avec respect entre adultes. Soyons bienveillants les uns envers les autres. Les enfants nous imitent, ne l’oublions pas alors soyons des modèles. C’est la plus belle manière de les accompagner.
A bientôt
Nathalie Lizé
Éducatrice et coach familial